LES IMPATIENTES de Djaïli Amadou Amal
Le livre a pour thème la condition des femmes au Cameroun.
La première partie parle de Ramla. Elle a une sœur Hindou et elles vont subir un mariage forcé. Le cadre est posé d’emblée avec toutes les règles qui contraignent les femmes à cause de la polygamie réservée aux hommes qui, eux, ne subissent aucune restriction. Dès le début, on a un climat d’injustice, ce qui m’a conduite à vouloir connaître la suite : ces femmes allaient-elles se sortir de ce mariage imposé ?
On a ensuite une description de la maison et de l’environnement qui m’a encore plus fait plonger dans l’histoire. Ramla aime un homme et le mariage est planifié, sauf qu’au dernier moment, son père la promet à un homme riche qu’elle n’aime pas. Or, les femmes de ce pays doivent être soumises aux hommes donc elle est forcée de se marier sans faire de caprices pour garder l’honneur de sa famille. On voit bien la pression sociale s’exerçant sur les femmes.
La deuxième partie du récit parle d’Hindou. Elle doit se marier à un mari violent qui fume, boit et se drogue. On a des scènes horribles de torture où il la frappe et a même sorti le fouet car elle a fugué. Ne pouvant plus supporter les mauvais traitements infligés par son époux, elle essaie à de multiples reprises de supplier son père de l’aider mais elle n’obtiendra pas gain de cause : on taxe ses suppliques de « caprices » et on lui dit d’être patiente et de faire honneur à la famille. Son mari ramènera ensuite une femme jusque dans la chambre conjugale et malgré ce déshonneur, elle n’a pas son mot à dire et doit tout endurer. On a ainsi une dénonciation à travers des scènes de violences, bouleversantes, de la domination masculine et du patriarcat dans ce pays.
La troisième partie traite de Safira, coépouse de Ramla. Safira a toujours aimé son époux qui a été monogame jusqu’à son arrivée. Très jalouse, elle va tout faire pour que sa rivale s’en aille. Dans le livre, il est souvent rappelé que les coépouses ne sont pas des amies. Toutes les relations dans les appartements et même dans leurs vies ne sont qu’hypocrisie et mensonges, personne ne se parlant sincèrement. Le plus important, c’est l’honneur. Cette partie est riche en suspense : que va donc faire Safira pour se débarrasser de Ramla ? Elle est réellement déterminée à sauver son mariage monogame et se dit prête à recommencer pour chaque nouvelle épouse. Je l’ai lue d’une traite car je me demandais réellement si elle allait y parvenir.
J’ai compris le titre général comme une révolte devant la situation faite aux femmes. On leur répète sans arrêt "patience, munyal". C’est le remède à tout, utilisé pour justifier les plus horribles scènes du récit. Il faudrait donc patienter et se laisser faire, se soumettre. Nos protagonistes essaient de faire quelque chose pour arranger leurs situations, ce qui les rend impatientes aux yeux des autres.
J’adorerais voir ce livre remporter le prix Goncourt des lycéens car je le trouve très bien écrit et me suis retrouvée aspirée par ce dernier. On y retrouve des scènes vraiment poignantes que j’ai trouvées géniales.
Jessica M. du lycée Albert Schweitzer, Le Raincy.