« Feu » : passion incendiaire, lecture ardente !

Une critique du roman de Maria Pourchet
Mercredi 17 novembre 2021

Camille est élève au Lycée Jean-Baptiste de la Salle, à Reims (Marne, 51). Elle propose une critique intense du dernier roman de Maria Pourchet, Feu, qui fait désormais partie de ses romans « coups de coeur ».

L’autrice

Maria Pourchet naît le 5 mars 1980. Ecrivaine sélectionnée pour le Goncourt aujourd’hui, elle est titulaire d’un doctorat en sciences de l’information et de la communication qui lui a permis, de 2006 à 2014, d’enseigner cette matière ainsi que la sociologie. Depuis 2012, elle collabore également à la revue Décapage. De plus, elle a écrit pour le cinéma, la télévision, et a aussi rédigé quelques nouvelles et poésies, ce qui ne rend que plus glorieuse sa carrière professionnelle. Maria Pourchet a sorti en 2012 son premier roman intitulé Avancer (Gallimard). Feu est ainsi son sixième livre publié, mais, croyez-moi, pas des moindres…

L’intrigue

Feu, donc, c’est une histoire intense et passionnelle. Une errance entre une fougueuse femme mariée et un homme solitaire. Une aventure entre ce même homme, perdu, désespéré, et son chien Papa. Parsemé d’un érotisme parfois trop expressif, il s’agit ici du récit d’un romantisme souvent oublié. Laure se sent seule et perdue dans sa vie de famille. Ne pouvant même pas se reposer sur sa plus grande fille, elle ne compte plus ses heures d’ennui, de nostalgie. Clément, lui, subit mollement sa vie de célibataire. Aidé par son tendre Papa, il se laisse au fur et à mesure des années submerger par l’indifférence et le dégoût qu’il inspire parfois. Tous deux se rencontrent un jour comme un autre, pour le boulot, diront-ils. Personnellement, je pense que c’était pour la vie. Mais évidemment, le destin va vite s’en mêler et, peu à peu, glisser quelques épines dans leur romance qu’elle voulait pourtant à l’eau de rose…

L’avis personnel

J’ai dévoré ce livre comme l’Océan Atlantique a englouti le Titanic en 1912 : goulûment et passionnément. Se plonger dans l’histoire peut prendre un peu de temps, mais une fois qu’on y est, on ne veut plus sortir la tête de l’eau. De sa plume la plus spontanée et crue, Maria Pourchet m’a vite embarquée pour 358 pages de douce frénésie. Ce récit m’a souvent rendue ivre. Ivre d’amour. Ivre de tendresse. Parfois, ivre de peine et même ivre de désespoir. Mais jusqu’à la dernière phrase surtout ivre d’un incendie de sentiments, de sensibilité auquel je n’aurais jamais pensé en prononçant son titre. Selon moi, les mots-clefs qui décriraient le mieux ce livre seraient « intense », « passion », « désespoir », « spontanéité » ou encore « ouvert ». En effet, je me dois de vous avertir, potentiels futurs lecteurs, que les expressions utilisées, les phrases rédigées sont souvent très franches et directes, ce qui peut amener à en choquer certains d’entre vous. Certes, ce roman nous ouvre les yeux sur ce que peut réellement être l’Amour, celui que l’on lit avec un grand A. Personnellement, il ne m’a rien appris que je ne savais déjà. Cependant, je suis convaincue que ce texte a le pouvoir de faire prendre conscience de beaucoup de choses à une multitude de lecteurs, dans la fleur de l’âge ou non. Les difficultés de la vie sont présentes pour tous depuis toujours, je trouve important que Maria Pourchet ait pu les évoquer. Tout ceci pour ainsi conclure simplement : Feu fait désormais partie de mes coups de cœur. Je vous le recommande chaudement. Bonne lecture.

Un passage préféré ?

Concernant mon ou mes passages préférés, j’ai cherché, feuilleté le livre, tombant sur quelques pages au hasard sans qu’aucune d’elles ne me retienne. Aucune jusqu’à un fameux extrait, aux alentours de la page 330. Chapitre d’un certain désespoir, d’un réalisme qui renaît temporairement, et d’une poupée enterrée dont on ôte la vie. Ici, dans des images plus qu’éloquentes, la narration se déchaîne sur Laure qui, elle, ne peut qu’acquiescer les yeux fermés : « Tu es à la femme ce qu’une poupée parlante est à l’entreprise Duracell, un jouet raté, à l’amour ce que le perdant est aux salles de jeu, un meuble. ». Puis, plus calmement parce qu’Anna l’a rejointe : « Une poupée pour toi. Dernière forme où loger ton secret. Et puisque tu ne veux plus porter des douleurs sans prénom, tu en as écrit un à l’encre bleue sous la laine, à l’endroit du cœur. ». Je pense que c’est un de mes passages favoris. J’apprécie la réalité qui réapparaît enfin, la simplicité qui s’en dégage et les figures employées.