Plusieurs avis des élèves du Lycée Jacques Monod sur « Le voyage vers l’Est »

Jeudi 14 octobre 2021

Plusieurs élèves de la Terminale HLP du Lycée Jacques Monod de Saint-Jean-de-Braye (45) ont lu le roman de Christine Angot. Voici ce qu’ils en ont pensé :

Le Voyage dans l’Est

Maëlynn

C’est un livre que j’ai beaucoup apprécié. La thématique s’annonce dure avant même la lecture du livre. Le style de l’écriture est plutôt simple mais intensément cru. Christine Angot ne cherche pas à mâcher ses mots, mais bien à transmettre aux lecteurs la violence de l’inceste. C’est d’ailleurs pour cela que cet ouvrage procure beaucoup d’émotions fortes, qu’elles soient la colère, la peur, la frustration, le dégoût.

Nous nous identifions à son histoire et nous pouvons tenter de ressentir ce qu’elle, en tant qu’adolescente de 13 ans, a pu ressentir.

Ce roman littéraire veut aussi être un témoignage direct, une œuvre autobiographique. C’est un livre dans lequel elle semble mener une introspection sur elle-même, sur son histoire , comme une tentative de trouver des réponses aux questions qu’elle se pose. Elle partage sans filtre ses doutes avec ses lecteurs. Ainsi, nous évoluons en même temps qu’elle. Ceci correspond bien avec la continuité de l’ancrage temporel dans lequel elle retrace son parcours.

Il y a une vraie volonté de décortiquer date par date les événements qui se sont passés. C’est en respectant cette chronologie qu’elle évoque la complexité émotionnelle qui découle de cette situation dramatique.

Elle cherche une figure paternelle, motivée par l’espoir d’avoir le père dont elle a toujours rêvé. Elle se conforte dans un déni malgré le regard lucide qu’elle porte sur la situation. Le décalage entre ses attentes et la dureté des abus qu’elle subit provoque chez nous, les lecteurs, beaucoup d’empathie, de compassion, de révolte.

C’est un ouvrage émouvant et au-delà de son aspect sensationnel, c’est une façon directe de sensibiliser, de dénoncer ces actes barbares qui se déroulent dans le cadre familial. Ce tabou de société est beaucoup plus présent que ce que nous voudrions bien croire. Elle dévoile avec beaucoup de lucidité et de transparence les mécanismes de manipulation de son père et témoigne de l’impact négatif que cette manipulation perverse a eu sur elle.

De plus, elle met en lumière l’inaction des témoins, des personnes qui partagent sa vie. Tout est mis sous silence et la justice est tout aussi incapable de faire la lumière sur tous ces abus.

Cependant, malgré tous les éloges concernant cette œuvre, quelques détails m’ont déplu. Le roman était prenant, avec de l’action et une écriture simple. Mais vers le milieu de l’œuvre, le changement de présentation et de tournure du format, en journal intime, est long, lassant, ennuyant. La fin du livre est longue à lire, floue, complexe. Le format est assez répétitif et nous laisse sur notre faim. Nous décrochons et perdons tout l’intérêt porté au début de l’œuvre.

Pour conclure, cette œuvre est une très belle réussite, en tous points. C’est une très belle façon d’ouvrir les yeux sur ce tabou de société, sur la destruction qu’il engendre au plus profond d’un individu. Sa façon d’écrire est honnête, pure, sans détour, au même titre que la violence de l’inceste. C’est un livre qui chamboule, choque, émeut. Et c’est la véracité de ces propos, cette opportunité saisie de mettre par écrit une vérité que les personnes ne veulent pas entendre , utiliser sa plume pour concrétiser ce que des millions de personnes, enfants comme adultes, vivent dans l’ombre, qui en font un succès assuré. C’est un ouvrage fort qui se doit d’avoir une audience puisqu’il est d’intérêt public, au même titre que toutes les œuvres ayant pour thématiques d’autres abus, de n’importe quelque sorte qu’ils soient.

La fin se veut plus calme mais les secousses qu’il a engendrées chez les lecteurs restent, tout comme les traumatismes de Christine Angot.

Gaspard

Je n’ai pas particulièrement apprécié ce livre, à cause du thème abordé, mais je trouve néanmoins qu’il est bien écrit dans le sens où le fond et la forme semblent être en parfaite adéquation.

De plus le message transmis est fort. Christine Angot dénonce.

Finalement je ne recommande pas spécialement de lire ce livre et je mets en garde les futurs lecteurs : âmes sensibles, s’abstenir.

Élisa

J’ai beaucoup apprécié cette lecture qui est dans un certain sens passionnante puisqu’elle montre les mécanismes extrêmement pernicieux qui poussent une jeune fille à tomber dans le piège émotionnel tendu par son agresseur, qui la pousse à se taire. Je le recommande !

Ève

J’ai bien aimé dans cette œuvre la transparence du personnage avec le lecteur, - la personnage principal étant en plus l’autrice elle-même. Cela rajoutait de l’authenticité dans un contexte d’histoire plutôt sombre. L’absence de trop grandes descriptions sur les décors ou les personnages était sans doute un reflet de la mémoire de l’écrivaine qui lui faisait peut-être défaut avec le temps, alors qu’elle se souvenait parfaitement des événements. C’est un bel aperçu de la réalité, que l’autrice a décidé de dévoiler.

Cette œuvre m’a également beaucoup plu grâce à son aspect autobiographique, et ainsi très personnel. Je me suis retrouvée dans certains aspects qu’elle décrivait.

Pour conclure, j’ai beaucoup apprécié cette lecture, et je pense rajouter à ma collection personnelle les autres œuvres et romans de Christine Angot, qui a su me projeter dans son univers d’écriture, et dans une réalité qui nous paraît si irréelle, et qui pourtant se trouve bien plus proche de nous qu’on ne le soupçonne.