RENCONTRE AVEC LES AUTEURS À LA BNF

Mardi 18 octobre 2022

IMPRESSIONS DU LYCÉE ROTROU, DREUX, CLASSE DE 1G3

« Le 10 octobre nous avons rencontré à la Bibliothèque nationale de France quinze auteurs dont les romans ont été sélectionnés pour le prix Goncourt… c’était la première fois que je rencontrais des écrivains… j’ai essayé d’être attentive au maximum… c’était une journée très instructive mais je vous accorde qu’au dernier plateau la concentration était plus difficile à mobiliser… les auteurs s’expriment clairement et leur personnalité correspond à leur livre… une belle opportunité pour mettre un visage sur les histoires… les explications des auteurs nous plongent encore plus dans leur histoire et créent un autre point de vue…. certains auteurs m’ont touchée en parlant de leur expérience alors que mon interprétation du livre était bien différente… certains avaient l’air humain et très humble… très gentils… très accessibles… lorsqu’on écoutait les auteurs on ressentait que l’histoire de leur roman était personnelle et qu’elle correspondait à leur vie…tout au long de la journée j’ai ressenti des émotions fortes… de l’admiration… du stress quand on prend le micro pour poser une question… le dialogue avec les auteurs était intéressant parce qu’il nous permettait de mieux comprendre leur livre et leur intention… nous nous sommes installés dans un auditorium après des escaliers et des coursives… on avait l’impression d’être sur un plateau télé… avec un animateur qui se chargeait de faire les transitions entre les plateaux… et surtout les élèves qui ont pu participer… prendre la parole… s’adresser directement aux auteurs… comme dans une salle de spectacle… avec des fauteuils rouges… des spots… chaque classe avait pour mission de préparer quelques questions… une vingtaine de minutes étaient attribuées à chaque auteur mais certains étaient plus bavards… les réponses nous permettaient de comprendre différemment le sens du roman… de mieux cerner les auteurs en fonction de leur passé… de mieux saisir certaines caractéristiques de leurs personnages… il est dix heures et quart…. on va commencer et je donne la parole à Charlotte du lycée Rotrou de Dreux qui va lire un extrait du Cœur ne cède pas de Grégoire Bouillier… [PREMIER PLATEAU…] ‘le sujet de l’histoire de Marcelle Pichon, ce n’est pas elle, c’est nous… c’est notre cruauté… c’est notre indifférence… c’est la société…’ j’ai beaucoup aimé ses réponses … l’impression qu’il était un peu fébrile mais il a su canaliser son stress… il a répondu aux questions sans trop s’éloigner du sujet… bien que son roman soit très long… André Breton… vos profs ont dû vous en parler… le Manifeste du surréalisme… tout est vrai… l’obsession… l’enquête pour trouver des informations sur une femme qu’il ne connaît pas… Grégoire Bouillier a répondu que c’était de l’amour… certaines présentations des auteurs m’ont particulièrement intéressée, comme celle de Nathan Devers… il était très à l’aise… il a une grande confiance en lui… j’ai beaucoup joué à Grand Theft Auto… ce jour-là j’ai pu voir deux relations différentes entre l’auteur et son livre… soit l’auteur ne ressemble pas du tout à son histoire… soit l’auteur ressemble à son roman pour son physique et sa personnalité… comme Nathan Devers qui a l’air d’être attiré par d’autres mondes… par des univers parallèles… alternatifs… il s’exprimait bien et son roman parle de sujets qui me concernent… la technologie… les écrans… le monde social qui nous entoure… la question du vrai et du faux… j’ai été surprise par la nervosité de Carole Fives… une femme prend la place d’une romancière… son mari… son bureau… son lit… elle parlait vite mais elle avait quelque chose à nous dire… les romancières qui l’ont fascinée… gentille et humble… l’auteure qui m’a étonnée c’est Carole Fives… j’ai bien aimé sa façon de parler et j’ai trouvé très intéressant ce qu’elle a dit sur les femmes… Virginia Woolf, Marguerite Duras, Nathalie Sarraute… Muriel Barbery était très douce, très calme… une voix très posée… elle m’a fait connaître un peu plus la culture japonaise et sa manière d’éprouver les sensations et les émotions de ses personnages… est-ce que les Japonais boivent autant de saké que dans votre roman… ses réponses étaient précises, mesurées… sensibles… j’ai discuté un peu du Japon avec Muriel Barbery lors de la séance de dédicaces et ses réponses m’ont extrêmement plu… [DEUXIÈME PLATEAU…] comme les explications de Sabyl Ghoussoub… son livre est très touchant… il explique comment il a eu l’idée d’écrire un roman sur l’histoire de ses parents… il nous a raconté un petit bout de sa vie… notamment que c’était compliqué pour lui de retourner au Liban depuis l’explosion au port de Beyrouth en 2020… les raisons pour lesquelles il est réticent … la pauvreté… la corruption… Sabyl Ghoussoub était chaleureux, agréable… il a présenté son livre était comme un reportage sur sa vie et celle de ses parents et répondait clairement aux questions… ses réponses étaient très expressives et elles montraient qu’il est sensible et intéressé par la vie des autres… notamment lorsqu’il parlait de la guerre civile… j’ai trouvé que chaque auteur correspondait à son livre, c’est-à-dire son comportement, sa manière d’être, l’image qu’il dégageait, la sensibilité avec laquelle il s’exprimait, notamment Brigitte Giraud lorsqu’elle nous a expliqué la démarche de son livre qui reconstitue vingt ans après la mort de son mari les circonstances qui ont mené à l’accident de moto… je l’imaginais exactement comme ça, très émue en évoquant son mari, leur amour, leur jeunesse qui ne reviendra plus… une question de Lahna qui vient du lycée Rotrou… l’écriture permet-elle de contrôler ce que l’on n’a pas contrôlé autrefois… j’ai senti que Brigitte Giraud était très touchée… elle avait les larmes aux yeux… comme Sarah Jollien-Fardel qui s’est ouverte à nous… sa sensibilité m’a impressionnée… notamment quand elle nous a parlé de sa grand-mère avec une émotion très vive… elle semblait un peu distante… peut-être un peu stressée… renfermée sur elle-même… la violence du texte répond-elle à la violence du père… j’ai eu la chance de parler avec Sarah Jollien-Fardel et d’avoir une dédicace… quand on la voit on ne dirait pas qu’elle a écrit un livre avec des scènes aussi dures… aussi crues… les auteurs s’exprimaient tous très bien… certains mieux que d’autres grâce à leur personnalité… Makenzy Orcel est arrivé souriant… détendu… prêt à répondre à nos questions… il est un petit peu dans son monde mais tout de même cohérent dans ses réponses…. il a expliqué que son livre ne possède pas de points ni de majuscules parce que c’est une femme morte qui parle… qui récite sa vie de manière monotone… comme une litanie sans pause… sans respiration… [TROISIÈME PLATEAU…] après la pause méridienne le troisième plateau a commencé avec Cloé Korman qui a écrit l’histoire de petites filles juives âgées de 4 à 12 ans qui se retrouvent enfermées par l’administration française d’abord dans le camp de Beaune-la-Rolande près d’Orléans puis dans des foyers à Paris après la déportation de leurs parents… j’ai eu l’impression qu’elle était très touchée par cette histoire… qu’elle se projetait dans la tragédie de ces petites filles… un ton triste… lent et calme…. parfois l’auteur ressemble à son roman et parfois l’auteur est à l’opposé de son roman comme Cloé Korman qui était chaleureuse et souriante contrairement à l’ambiance et au sujet de son livre… et de même pour Pascale Robert-Diard j’ai trouvé qu’elle présentait bien son roman et qu’elle répondait de manière vraiment intéressante aux questions… elle nous a expliqué que son métier était chroniqueuse judiciaire… son roman part d’une histoire vraie… Pascale Robert-Diard m’a paru très à l’aise…. heureuse d’être avec nous et de partager son savoir et ses connaissances sur la justice et sur l’âme humaine… une question de Thomas du lycée Rotrou… devient-on quelqu’un d’autre quand on ment… durant cette journée à la BNF j’ai essayé de m’intéresser autant que je pouvais aux auteurs qui parlaient et petit à petit j’ai commencé à ressentir de la fatigue mais Pascale Robert-Diard était la seule qui me donnait envie de l’écouter… de comprendre certaines choses… comme dans son livre… sa façon de s’exprimer est magnifique et douce… en l’écoutant j’ai ressenti les mêmes émotions qu’en lisant La Petite Menteuse… une immense tristesse… et une admiration débordante pour son livre inspiré de faits réels qui me plongent terriblement dans le mal-être de Lisa… et qui me font ressentir sa sensibilité… et maintenant Susan va lire un extrait du Mage du Kremlin de Giuliano da Empoli… ‘nous faisions une télévision barbare et vulgaire comme le veut la nature de ce média…’ j’ai apprécié sa personnalité… son charisme…. il nous a expliqué qu’il avait écrit son livre bien avant que la guerre éclate en Ukraine… et qu’en Russie il est malvenu de sourire… que le sourire est une marque de bêtise ou de naïveté… et puis c’était au tour d’Yves Ravey… les Éditions de Minuit… le malaise suscité par le narrateur… l’angoisse qui le submerge… la Sicile… l’accident… Dashiel Hammett et le roman noir… le mystère autour des personnages… qu’avez-vous ressenti en étant sélectionné par l’Académie Goncourt… le théâtre de Taormine… les colonnes d’Agrigente… [QUATRIÈME PLATEAU…] j’ai trouvé Monica Sabolo très à l’aise… elle s’exprimait bien… elle ne s’est pas fait dépasser pas ses émotions et elle est toujours restée douce et calme et posée dans ses réponses… une question du lycée Rotrou… l’écriture est-elle une action directe… elle était très souriante et très claire dans ses réponses aux questions… tandis qu’Anne Serre nous a dit que pour ce roman elle avait fait appel à la vielle dame qui est en elle… et que nous tous si on cherchait bien nous avions une vieille dame en nous et un enfant de six ans et que nous étions chacun une foule de personnages… je l’ai trouvée agréable à écouter… avec une voix calme et posée… bien qu’elle soit dans son monde… et pour finir c’était à Emmanuel Ruben de faire la plaidoirie de son livre… d’expliquer le rapport de sa famille à l’Algérie… en évoquant l’histoire de sa grand-mère et la ville de Constantine… le décret Crémieux qui a attribué la nationalité française aux juifs d’Algérie en 1870… et puis la deuxième séance de dédicaces qui faisait suite à la séance de midi… les dessins… les graphies… les mots… les signatures… cette journée de rencontres est une aubaine pour les jeunes lecteurs… j’ai eu la chance de pouvoir parler avec Pascale Robert-Diard… avec Emmanuel Ruben… avec Grégoire Bouillier… avec Muriel Barbery… j’ai trouvé plus intéressant le fait que les auteurs s’inspirent d’un événement de leur vie… et qu’ils aient tous des méthodes de travail différentes… et une manière très différente de rassembler préalablement à l’écriture les éléments qui nourriront leur histoire… le fait de voir tous ces auteurs et d’avoir une idée de ce qui les a amenés à écrire leur roman est très important… cela me permet de mieux comprendre et d’apprécier leur livre… voire même de me mettre à la place de l’auteur quand je lis… »

« Mais chut. Chut ? »

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