Les avis d’Ancolia et Jasmine sur Un Crime sans importance d’Irène Frain

Jeudi 29 octobre 2020

Ancolia et Jessica du lycée Albert Schweitzer ont toutes les deux lu Un Crime sans importance d’Irène Frain, leur avis est complémentaire, lisez plutôt ce qu’elle en disent…

UN CRIME SANS IMPORTANCE d’Irène FRAIN : j’en suis à l’avant-dernier chapitre et je l’ai finalement bien aimé. En effet, avant la 130e page, je trouvais ce roman déprimant et ennuyeux. Je ne suis pas intéressée par des études de droit, donc tout ce qui est démarche judiciaire et autres ne me plaisait pas, sans parler du fait que le roman déshumanise la victime. Cependant, arrivée à la moitié du chapitre 4, j’ai enfin vu la relation qu’elle a eue avec sa sœur Denise qu’elle adore. J’ai beaucoup lu sur l’auteure au sujet des relations qu’elle a au sein de sa famille. J’ai trouvé cela très touchant, et je suis pressée de finir ce livre et de l’échanger avec celui de Thibault avant la fin des vacances.

Ancolia F

Le récit s’ouvre sur un meurtre, celui d’une dame âgée, sauvagement assassinée chez elle dans un quartier résidentiel d’ordinaire calme, à quelques mètres d’une zone commerciale. Une enquête est alors ouverte mais rien n’avance, l’enquête est bâclée. Et c’est ici que la narratrice commence son combat contre la justice pour que l’enquête sur le meurtre de sa sœur avance. Denise, une septuagénaire vivant seule, a été retrouvée inconsciente et couverte d’ecchymoses dans son pavillon par son fils, et elle est décédée quelques semaines plus tard sur son lit d’hôpital. Ce texte n’est pas seulement celui d’une enquête sur un meurtre ordinaire, quoiqu’aucun meurtre ne soit banal mais c’est aussi un témoignage, celui d’une sœur qui se sent impuissante face au meurtre de Denise et à la lenteur de l’institution judiciaire qui s’occupe de cette affaire. Ce récit mêle souvenirs passés auprès de cette sœur qui représentait pour la narratrice un idéal passé, et elle questionne le meurtre de cette dernière et sa résolution.

Dans ce texte autobiographique au titre très évocateur, Irène FRAIN se confie sur cette mort qui l’a traumatisée. Ce livre aux apparences de thérapie lui permet de faire le deuil d’une sœur perdue avec qui elle n’avait plus de contact depuis des années. Il représente aussi un combat de chaque minute pour la justice et la vérité sur la mort de sa sœur. Mais cet ouvrage qui s’apparente à un roman policier n’en est pas un puisque tout au long de l’intrigue, les faits et les preuves de ce sombre meurtre sont inlassablement les mêmes. En réalité, on s’intéresse peu à l’enquête policière en elle-même ; c’est surtout la quête de la narratrice qui tente de faire avancer ses recherches. Si vous vous attendiez à un roman policier au cœur de l’action, c’est manqué puisque ce livre est bien plus riche qu’une simple enquête : c’est une histoire touchante qui laisse place à la mémoire d’un autre temps et aux souvenirs, ceux de moments passés avec la victime mais aussi cette bataille qu’Irène mène contre le tourbillon infernal de l’élucidation du meurtre de sa sœur.

Dans son récit, elle redonne en quelque sorte vie à la défunte. Au début, on ne connaît pas le nom de la personne qui a été assassinée, seulement le fait que c’est une dame d’un certain âge. Au fur et à mesure, grâce à Irène, on apprend à connaître cette sœur qu’était Denise pour Irène, ce modèle si parfait aux yeux de leurs parents. De plus, ce livre est très surprenant, la manière qu’a l’auteure d’aborder ce meurtre est intéressante : avec d’abord un point de vue omniscient sur la situation et qui va rapidement basculer vers un point de vue interne, celui d’Irène Frain. Avec ce changement de perspective sur l’histoire, la lecture n’en est que plus séduisante et charmante. En lisant ce récit, on a l’impression de participer à cette quête puisque la narratrice fait part de toutes ses émotions à toutes les étapes qu’elle traverse.

Jasmine F