Manon a terminé son huitième roman, et vous ?

Mercredi 28 octobre 2020

Chavirer, La Société des belles personnes, Héritage, un Crime sans importance, mes Fous, l’Enfant céleste, l’Historiographe du royaume, la Chambre des dupes… Manon du lycée Albert Scweitzer du Raincy partage ses avis sur ses huit dernières lectures. Quel rythme et quelle justesse d’analyse !

Les 3 romans que j’ai préférés (bilan critique et citations) : - CHAVIRER de Lola Lafon : C’est un sujet dur abordé avec une grande sensibilité, par une construction du texte qui intrigue et capte l’attention : le personnage principal, Cléo, mais aussi les autres points de vue de personnages qui ont à un moment ou un autre joué un rôle important dans son histoire. Et ces émotions, l’espoir, la peur, le désir de vivre et celui d’oublier, la culpabilité, sont transmises à coups de franchise qui atteignent droit leur cible, nous. « Le danger avait l’haleine tiède d’un animal assoupi » ( p.43 ).

- LA SOCIETE DES BELLES PERSONNES de Tobie Nathan : La Deuxième Guerre mondiale dans un pays dont on ne parle pas souvent durant cette période : l’Egypte. L’aventure envoûtante de Zohar-Zohar, qui va fuir le Caire nazi et arriver dans une France inconnue, au milieu de la guerre, de la peur, du recommencement pour faire face à un avenir incertain mais où il est permis d’espérer. Avec, pour éternel compagnon, une promesse dans la tête et dans le cœur. « Ce qui protège de la folie ?…mais c’est la folie ! (…) Contre la folie qui désagrège, nous devons toujours choisir la folie qui libère » ( p.319 )

- HERITAGE de Miguel Bonnefoy : c’est l’histoire des liens qui unissent trois générations. Avec des allures de conte, l’auteur nous fait voyager autour de ces trois familles, avec comme points communs la soif de liberté et d’aventures, la cruauté de la guerre et l’amour qui mettent les personnages à nu en dévoilant leurs sentiments les plus profonds. Finalement, c’est un peu comme si c’étaient trois générations pour une humanité. « Les plus grandes luttes se gagnent sur le terrain même qu’on combat » ( p.141 )

- UN CRIME SANS IMPORTANCE d’Irène Frain : Un récit qui nous enveloppe dans l’intimité et le désir de connaître la vérité de l’autrice, nous donne envie de découvrir ce qui est réellement arrivé avec elle. J’ai juste été un peu déçue que l’enquête n’ait justement pas beaucoup avancé. « Je dois aux livres ma victoire contre le silence. Ce sont des passeports. Ils abattent les murs, les remparts, les frontières, toutes les barrières que les humains ont inventées pour s’ignorer, se déchirer. » ( p.209 )

- MES FOUS de Jean-Pierre Martin : D’un côté, j’ai bien aimé cet intérêt justement pour les fous, les malades mentaux qu’on a tendance à écarter de nos pensées et de la société, mais d’un autre côté, j’ai trouvé le personnage principal quand même assez déprimant, à s’enfermer dans son obsession. Cependant il interroge par le même coup les limites de la folie, où elle commence, et comment la définir. « Le corps sous la peau est une usine surchauffée » ( p.53 ) « On est démuni pour parler de l’essentiel » ( p.27 ) « La vie, c’est recommencer. Recommencer sans cesse. » ( p.90 )

-L’ENFANT CELESTE de Maud Simonnot : Ce livre m’a plus fait penser à une rêverie, un songe, comme quelque chose d’éphémère. Ce côté-là peut être plaisant mais du coup j’ai trouvé qu’il manquait de profondeur. « Nous sommes faits de l’étoffe dont sont faits les rêves. » ( p.162 )

-Je n’ai pas trop accroché avec L’HISTORIOGRAPHE DU ROYAUME de Maël Renouard car j’ai trouvé que ça allait un peu dans tous les sens et je n’ai pas trop aimé le personnage principal.

-J’ai plus aimé LA CHAMBRE DES DUPES de Camille Pascal, avec les intrigues qui s’entremêlent, tant amoureuses entre Louis XV et la duchesse de Châteauroux, que politiques, même si celles-ci sont un peu mises au second plan. L’auteur revisite malicieusement ce temps où le roi consacrait plus d’importance à sa maîtresse qu’à sa cour ou la politique, où les sujets se prosternaient aux pieds de la monarchie pour se relever et en profitaient pour la remplacer aussitôt qu’elle montrait des signes de faiblesse. « C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il (le comte de Richelieu) aimait la fréquentation du pouvoir car, avec lui, ce qui était prévu n’arrivait jamais et l’imprévu, au contraire, était toujours certain. Versailles se réduisait à un immense tapis vert où chacun misait quotidiennement son existence dans l’espoir de tirer un jour la bonne carte. »

Manon D., du lycée Albert Scweitzer, Le Raincy.