INSTANTS CRITIQUES

Mardi 20 septembre 2022

PAR LA CLASSE DE 1G3 DU LYCÉE ROTROU DE DREUX

Taormine, qui se présente comme un mélange de drames entremêlés d’histoires banales sur la vie de couple, est un roman court et brut qui se termine sur une note de suspense dont le mystère nous laisse imaginer une suite pleine de péripéties pour Melvil Hammett et Luisa. Ce roman transpire l’angoisse et la peur d’avoir commis l’irréparable. En lisant ce livre, le lecteur se sent pris au piège par le secret et le mensonge que les personnages portent sur leurs épaules. Le récit mélange la joie des vacances, le plaisir de l’évasion et de la liberté avec l’ambiance morose qui s’installe et prend rapidement le dessus, malgré la volonté du narrateur de préserver une atmosphère plus ou moins détendue qui s’achève par un formidable échec. J’ai beaucoup apprécié la lecture de ce livre d’Yves Ravey car l’ambiance instable, entrelacée d’histoires criminelles, m’a captivée du début à la fin. Lahna SARNI

Dans Le cœur ne cède pas, Grégoire Bouillier raconte son enquête sur Marcelle Pichon, une mannequin des années 50 qui s’est laissée mourir de faim pendant 45 jours en 1984. J’ai aimé ce livre car j’ai eu le sentiment parfois étrange de lire le journal intime de l’auteur, d’une manière rapidement addictive. L’auteur remonte aux origines de Marcelle, retrace la vie de ses ancêtres, de ses grand parents, de ses parents, et bien sûr de Marcelle elle-même, de ses maris et de ses enfants. C’est un voyage obsessionnel dans le temps, une exploration méticuleuse du passé, entrecoupé de chapitres humoristiques où BMore et Penny, un détective privé qui est peut-être le double de l’auteur et sa secrétaire, commentent leurs recherches sur la vie et la mort de Marcelle Pichon, dont l’histoire est d’autant plus mystérieuse et d’autant plus poignante que chaque indice en dissimule un autre, dans une quête impossible de vérité. Charlotte GUÉRIN

Claude est mort le mardi 22 juin 1999, à la suite d’un accident de moto. Plus de vingt ans après, Brigitte Giraud choisit dans Vivre vite de reconstituer et d’analyser tous les événements liés entre eux qui ont mené au décès de son mari : « et si » ça s’était passé autrement ? « Et si » la réalité avait pu être différente ? Sans jamais chercher un coupable, en ne niant pas la tragédie qui la hante, l’autrice pose noir sur blanc les gestes qui ont permis que le pire advienne, afin de comprendre comment cela a pu arriver. Brigitte Giraud nous émeut en nous permettant d’entrer dans son intimité, au plus proche de la vérité. Elle nous montre ainsi avec talent que la littérature peut être une thérapie pour le lecteur, qui reconnaît dans ce livre urgent toute la fragilité de notre condition humaine. Rafaëlle De Almeida

Dans La Petite Menteuse, Pascale Robert-Diard, qui est née en 1961, raconte l’histoire d’une jeune fille âgée de 15 ans qui se fait appeler Lisa. En vérité, elle s’appelle Laurine mais elle déteste son prénom et préfère qu’on l’appelle par le prénom de sa grand-mère. Le titre fonctionne comme un avertissement : ce roman est l’histoire d’un mensonge. Lisa a été victime de viol. Au début, elle n’a rien dit. Cependant, ses professeurs ont remarqué son malaise, et c’est sa meilleure amie Manon qui parle à Mme Valette. Lisa se sent tellement mal qu’elle a besoin de parler, de dire, de dénoncer cet homme qui lui a fait si mal, et qui est condamné à dix ans d’emprisonnement. Alors qu’elle a désormais 18 ans, Lisa décide de changer d’avocat et se tourne vers une femme pour la représenter lors du procès d’appel. Alice analyse profondément le dossier et comprend qu’elle va représenter une menteuse. Car Lisa a menti, en effet. Mais elle n’a pas menti sur son besoin d’attention, son besoin d’affection, son besoin d’amour. « J’étais paralysée, je ne pouvais plus bouger… Je me suis laissée faire. » Dans ce passage, je me suis mise à la place de Lisa, et même si tout cela était un mensonge, le chagrin et la pitié m’ont envahie, et mes larmes coulaient depuis toute la profondeur du mal-être. Claudia SUTOIU

Sa préférée de Sarah Jollien-Fardel raconte l’histoire de Jeanne, une femme qui a eu une enfance traumatisante dans un village du Valais en Suisse où tout le monde savait que son père était alcoolique et violent, et où tout le monde se taisait. Nous suivons le développement de Jeanne au fil des années, en mesurant l’impact d’une telle enfance sur ses relations sexuelles et sentimentales et ses conséquences dans sa vie quotidienne, où chaque bruit la replonge dans son passé. Le personnage de Marine, l’amie de Jeanne, est particulièrement émouvant : c’est une femme très douce, très accueillante, très compréhensive, qui ne force jamais son amie à mettre des mots sur la douleur. Même si le résumé peut effrayer le lecteur, le livre s’adoucit au fur et à mesure de l’histoire, même si Jeanne qui ne voit plus son père porte toujours la haine et le dégoût qu’il lui inspire. Car elle a peur de devenir comme lui, elle sait que quelque chose en elle ressemble à cet homme et que c’est sans doute la raison pour laquelle il ne l’a frappée qu’une fois. Sa préférée est un roman puissant qui nous montre à quel point nous réagissons de manière différente devant la très grande violence que la vie peut apporter. Marie LE CORRE

Dans ce roman immédiatement accessible d’Yves Ravey, Taormine, la tension repose sur un incident peut-être banal : un couple qui vient d’arriver en Sicile pour visiter les ruines de Taormine, et qui a loué une voiture à l’aéroport, percute quelque chose ou quelqu’un. Et, jusqu’à la fin du livre, jusqu’à sa chute inquiétante, le couple s’interroge, formule des hypothèses, sans jamais trouver de réponse, comme le lecteur qui ne sait pas si tous ces gens qu’ils rencontrent lors de leur voyage sont les complices d’un piège où toutes les certitudes disparaissent. Manon LECLERCQ

Vivre vite raconte une histoire intime et émouvante construite sur des regrets et sur des hypothèses. Brigitte Giraud dépeint une époque, retrace ses journées et ses pensées, imagine tous les petits détails qui auraient pu éviter à son mari de mourir à la suite d’un accident de moto. Rouler vite. Mourir vite. La romancière nous livre un récit qui touche au plus intime, qui dit la fragilité de notre vie, et qui nous montre que nous n’avons pas toujours le contrôle sur les événements, qu’il faut parfois les accepter. Parce qu’il n’y pas de « et si ». Parce que notre vie est ainsi. Un livre que je conseille à tous ceux qui peinent à lâcher prise. Laura COGNARD

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