Un roman sur le viol : prendre de la distance pour être universel.

une critique du roman d’E. Fottorino
Jeudi 16 décembre 2021

Juliette est élève au Lycée Notre-Dame des Minimes de Lyon (69, Rhône). Elle propose une critique du roman Parle tout bas d’E. Fottorino :

Parle tout bas est le quatrième roman d’Elsa Fottorino, édition Mercure de France, sorti en septembre 2021 ; il est sélectionné pour le prix Goncourt des lycéens 2021 ainsi que le prix Femina. Ce roman est parfaitement bien reçu par le public ; parlant d’un sujet fort avec subtilité, les lecteurs rentrent véritablement dans le roman et en ressortent plus grands.

L’auteur décide d’évoquer, dans le silence, un drame que beaucoup de gens ont vécu, celui du viol. Elle décide d’en parler tout bas, à voix basse sans le dire haut et fort. On va suivre le parcours d’une jeune fille qui se fait violer à ses 19 ans par un inconnu dans la forêt. L’affaire est classée sans suite. Douze ans après, de nouvelles victimes arrivent et l’affaire est rouverte, cette fois-ci, il y aura bien un procès, l’accusé sera jugé. L’auteur a, dans ce livre, une écriture peu personnelle, malgré le « je », l’histoire est assez universelle et malheureusement, les histoires de viol sont trop récurrentes encore aujourd’hui. Cette histoire est tirée d’un vrai fait divers, celui qu’a vécu l’autrice, et pourtant nous n’avons pas l’impression de lire son histoire. Cependant on ressent de la compassion à l’égard de la jeune fille qui se fait violer, que celle-ci soit le personnage ou l’autrice. Le livre est construit de façon à ne pas se perdre dans le récit. Les flashbacks du moment du viol permettent de savoir les émotions que le personnage a pu ressentir au moment des faits ainsi que tout au long de sa vie et même après le viol. Cette écriture, si peu personnelle- dans le sens où les sentiments du personnage sont présents mais ceux de l’autrice sont manquants- permet au livre d’avoir une portée universelle et permet aux lecteurs victimes de viols de se reconnaître plus facilement et de comprendre parfaitement ce que ressent la jeune fille. L’histoire en elle-même est dure à vivre, à imaginer mais l’écriture détachée de l’écrivaine permet de prendre du recul et pour les personnes qui n’ont jamais été victimes de viols, elle permet d’imaginer ce qu’on peut ressentir après un drame comme celui-ci. Ce roman est également nécessaire pour soulever la question de la justice sur ces affaires délicates. Le personnage attend 12 ans avant que l’affaire soit rouverte afin que le suspect soit jugé. Le style de l’auteur dans ce livre est vraiment important car cela permet une écriture plus légère tout en traitant d’un sujet grave. Toutefois l’histoire, étant romancée, est trop impersonnelle selon moi, même si cela permet tout de même de toucher un plus large public. Le roman est par ailleurs plein d’espoir : malgré les 12 ans d’attente, il y a toujours une fin, on peut toujours remonter la pente après un drame et se reconstruire. Poser des mots sur ce qu’on a vécu pour mieux se sentir, se soigner et repartir vivre sa vie. L’écriture peut être une thérapie pour des faits passés et Elsa Fottorino le montre parfaitement. Ce livre va forcément être une aide : en effet, le message qui y est porté est que la justice aboutit toujours et qu’il faut rester positif. Ce livre, malgré son sujet grave, se lit facilement et permet de comprendre les personnes victimes de viols ou de n’importe quel autre drame. On ressort de ce livre plus compréhensif envers les victimes et plein d’espoir pour ces affaires judiciaires.