Quand les pierres font pleurer

Critique du roman « S’adapter » de C. Dupont-Monod
Dimanche 5 décembre 2021

Eva est élève de seconde au Lycée Pierre et Marie Curie de Neufchâteau (Voges, 88). Elle nous propose une critique du roman de C. Dupont-Monod, S’adapter.

Quand des pierres nous font pleurer

L’autrice

Clara Dupond-Monod est née à Paris en 1973. Après avoir fait des études littéraires, elle obtient une maîtrise d’ancien français à la Sorbonne. Elle devient journaliste à 24 ans puis chroniqueuse sur la chaîne télévisée Canal+ en 2009. Elle anime depuis la rentrée 2021 une émission littéraire sur France Inter nommée « Livre et châtiment ». C’est en 2021 que sort S’adapter , qui n’est pas son premier roman. Il a obtenu le prix Femina du roman français en octobre.

Le roman

S’adapter est un roman racontant la détresse d’une famille face à l’arrivée d’un enfant handicapé, qualifié « d’inadapté » dès les premières pages. Nous savons que l’histoire se déroule dans les Cévennes, massif montagneux situé dans le sud de la France. L’époque dans laquelle se passe l’intrigue n’est pas dévoilée, mais nous pouvons deviner que l’histoire se déroule entre la fin du XXe siècle et le début du XXIe siècle. Il y a 3 personnages principaux. L’aîné, la cadette et le dernier des enfants de la fratrie. Ils n’ont pas de prénom, juste un âge. Le roman est divisé en trois parties, énonçant trois points de vue différents, trois avis mitigés à propos de l’inadapté.

L’avis personnel

Ce livre m’a plu car il est à mon sens d’une rare intensité émotionnelle. Il est difficile de ne pas avoir les larmes aux yeux. Néanmoins, je pense que l’auteure n’avait pas pour but premier de nous émouvoir, mais plutôt de nous faire comprendre l’atrocité d’une situation semblable à celle de cette famille, sa famille en réalité puisqu’il s’agit d’un fait autobiographique.

L’intérêt de la focalisation

Il est très intéressant de comparer les points de vue radicalement différents des trois protagonistes, ainsi que de voir ce que l’inadapté leur a apporté. Avant d’avoir ouvert ce livre, je pensais que les parents seraient narrateurs de cette histoire, mais j’avais tort. Ce sont les pierres du jardin de la maison qui nous racontent l’intrigue. Je trouve ce choix très intelligent, car les pierres ne peuvent qu’observer passivement, sans intervenir. Elles ne font qu’énoncer les faits, simplement et tristement. De plus, ce livre nous fait réfléchir à la manière dont nous aurions réagi à la place des trois personnages principaux. Aurions-nous éprouvé de la haine, ou au contraire, de l’attachement envers l’inadapté ? Chacun peut se mettre à la place des trois protagonistes, et ainsi dire quelle réaction est selon nous la plus juste, s’il y en a une.

Je recommande ce livre à toutes les personnes aimant éprouver des émotions en lisant, ainsi qu’à tous ceux cherchant un livre facile à lire. L’auteure a en effet une plume magnifique nous permettant de nous imprégner de l’univers de l’histoire très facilement.

Voici un extrait du livre particulièrement touchant :

« Personne ne comprit réellement qu’à cet instant-là, une fracture se dessinait. Bientôt, les parents parleraient de leurs derniers instants d’insouciance, or l’insouciance, perverse notion, ne se savoure qu’une fois éteinte, lorsqu’elle est devenue souvenir ».

Cet extrait raconte l’instant précis où les parents comprennent que leur enfant est atteint d’un handicap. Il est donc le point de départ de toutes les mésaventures que va connaître la famille.