Rock’n roll, le roman d’A. Desarthe ?

une critique du roman « L’éternel fiancé »
Dimanche 5 décembre 2021

Pauline, élève de Terminale au Lycée Notre-Dame des Minimes à Lyon (Rhône, 69), propose une critique du roman d’A. Desarthe.

Des fiançailles à quatre ans :

Résumé du livre

L’éternel fiancé est un livre de 256 pages aux éditions de L’olivier publié, le 19 août 2021. Ce roman raconte une déclaration d’amour entre deux enfants de quatre ans, pendant une classe de musique, et leur rencontre en plein hiver, quarante ans plus tard, dans une rue de Paris. On pourrait aussi évoquer un rock’n’roll acrobatique, la mort d’une mère, une exposition d’art contemporain, un mariage pour rire, une journée d’été à la campagne ou la vie secrète d’un gigolo.

Présentation de l’auteur

Agnès Desarthe, née le 3 mai 1966, est une écrivaine française autrice de livres pour adultes et pour enfants, elle est aussi traductrice. Elle a obtenu le prix du Livre Inter en 1996 pour son deuxième roman, Un secret sans importance. Son sixième roman Mangez-moi, publié en 2006, est traduit dans plus de 15 pays. Elle obtient le prix Renaudot des lycéens en 2010 pour son roman Dans la nuit brune. Son roman Une partie de chasse, obtient en 2012 le Goncourt des animaux, décerné par des membres de l’Académie Goncourt. Elle reçoit le prix littéraire du Monde en 2015 pour Ce cœur changeant.

Avis critique

Ce roman L’éternel fiancé a une couverture attirante ainsi qu’un titre séduisant. L’intérêt du lecteur est tout de suite éveillé car on se dit que le livre raconte une histoire d’amour joyeuse et romantique. La réception de l’œuvre est donc plutôt un succès mais après la lecture on est assez déçu, on se demande où est l’histoire d’amour dans ce livre. L’éternel fiancé laisse sceptique.

Cette histoire commence vraiment quand deux enfants de quatre ans se rencontrent lors d’un concert de Noël. En croisant le regard de la petite fille Étienne lui déclare d’un trait : « Je t’aime parce que tu as les yeux ronds ». Cette petite fille, interloquée, ne trouve rien de mieux à lui répondre que : « Je ne t’aime pas. Parce que tu as les cheveux de travers ». Une phrase qui la hantera car elle met fin en quelque sorte à leur histoire. Quand ils se retrouvent, adolescents, Étienne affirme qu’il ne se rappelle pas l’avoir déjà croisée et s’intéresse davantage aux autres filles, même s’ils partagent un point commun, la musique. Chaque fois qu’elle va croiser Étienne, elle constatera que le temps a passé, que son histoire aurait pu être différente. Elle sortira avec son frère, se liera d’amitié avec son épouse Antonia, se mariera à son tour, avant de tomber dans d’autres bras.

De la musique

On constate que la musique est omniprésente dans ce livre. On passe ainsi du temps de l’apprentissage à celui de l’harmonie familiale où le père et ses trois filles forment un quatuor à cordes. Puis on bascule dans une période rock’n’roll quand la mère décide de quitter le domicile pour suivre son dentiste. On finira par suivre les créations contemporaines avec un chef aussi étonnant que pathétique, car il n’a plus de mémoire immédiate.

La forme et le fond : un décalage

La forme de L’éternel fiancé est plus attirante que le fond. La quatrième de couverture, le titre ainsi que l’intérêt de l’histoire sont des éléments qui plaisent. En effet la couverture est joyeuse, pleine de couleurs. Le titre L’éternel fiancé est poétique et nous laisse songeur. Le résumé de la quatrième de couverture donne envie car il y a de l’amour, de la musique et une histoire de famille. Le fond de ce livre est tout autre chose. On est un peu dans l’incompréhension du début à la fin. La chronologie est respectée mais il y a des moments où le temps accélère et on saute des éléments de leur vie. Ce roman est impersonnel car on ne s’attache pas vraiment aux personnages, le temps défile très vite et l’auteur ne va pas au fond des choses mais reste simplement en surface. On ne nous donne pas d’explication sur certains passages. On n’arrive pas à comprendre le personnage principal qui est obsédé par Etienne son éternel fiancé alors qu’elle a une vie construite avec un mari et des enfants. Nous n’avons pas beaucoup d’informations sur ce personnage et d’un autre côté ce dernier connaît chaque détail de la vie d’Étienne. Ce roman nous met face à une contradiction car le personnage principal considère Etienne comme son éternel fiancé et pourtant elle construit sa vie sans lui ; et d’ailleurs Etienne ne se souvient pas d’elle et a également construit sa vie en opposition à elle. Ce qui est étrange car leurs vies se croisent à plusieurs reprises, ils vont dans le même lycée, le personnage principal sort avec Martin le frère d’Etienne. Nous pouvons donc dire que ce roman a une forme et un sujet qui semblent attirants mais après la lecture nous avons un sentiment d’incompréhension par rapport à ce personnage principal qui se tire vers le bas et qui passe sa vie à être obsédé par un garçon qui ne s’intéresse pas à elle de la même façon. On reste donc sur notre faim. Ce roman est très mélancolique et nostalgique du temps passé. La mort est souvent abordée ainsi que le temps qui passe et l’insignifiance de la vie qui sont les thèmes récurrents.