Le Voyage dans l’Est, analysé par ses personnages

Une critique du roman de Ch. Angot, par des élèves de Liffré
Mardi 26 octobre 2021

Des élèves du Lycée Simone Veil de Liffré (Ille-et-Vilaine, 35) ont adopté le point de vue des deux protagonistes du roman de Christine Angot, Christine et son père, pour présenter le roman Le Voyage dans l’Est : on entre ainsi, avec l’intériorité des personnages, dans le coeur battant du roman.

Je suis un homme, un homme normal. Propre sur moi, sûr de moi et, d’ailleurs quand on me voit, on se dit que je ne suis pas capable du pire mais que du meilleur. J’occupe un poste très important dans la société et par conséquent je suis influent. J’ai aussi des passions, rien que de très normal ! J’aime apprendre les langues et les parler mais surtout ……. j’adore le sexe. J’ai une famille, rien de surprenant pour quelqu’un de normal. J’aime mes enfants , rien de surprenant là encore, mais j’ai une nette préférence pour l’aînée. Avec elle je suis un père aimant, très aimant, trop peut-être…

(Texte de Maëliss)

Au début, je voulais juste enfin rencontrer mon père, le voir, l’admirer et partager des passions avec lui. J’aurais voulu qu’il m’aime comme un père aime sa fille, pas comme un mari aime sa femme. J’aurais voulu me persuader que c’était normal, que ses actions n’étaient que bienveillantes, mais au fond, j’avais tout de suite compris que ce n’était pas le cas. J’étais coincée : après tout, il était mon père. Je n’avais pas envie qu’il ne veuille plus me voir, je n’avais pas envie de me sentir abandonnée et je n’avais pas non plus envie qu’il me regarde avec dégoût. Pourtant, même si j’avais envie qu’il reste à mes côtés, chacune de ses visites me mettait mal à l’aise et je redoutais toujours le moment où nous nous retrouverions seuls. Crispée, silencieuse, je ne disais rien et je me laissais faire. J’aurais dû en parler à maman, mais j’avais peur, je n’osais pas : parce que justement, c’était maman. Comment réagirait-elle ? Me croirait-elle ? Me prendrait-elle au sérieux ? Non, le mieux était que je me taise. Je n’avais pas non plus envie qu’elle me regarde comme si j’étais une moins que rien. Muette, je me suis dit que ça allait passer, que ce n’était qu’une phase. Après tout, il restait mon père. Mais j’avais tort … Je m’appelle Christine, et ceci est l’histoire de ma lutte contre l’inceste, ceci est l’histoire du Voyage Dans l’Est.