L’avis d’Akeva sur « S’adapter »

Vendredi 8 octobre 2021

Et un autre avis sur le roman de Clara Dupont-Monod. Celui-ci nous vient d’Akeva, élève en Classe Préparatoire aux Grandes Ecoles du lycée Gerville-Réache à Basse-Terre, en Guadeloupe.

S’adapter

Pour nous lecteurs, tout commence par cette phrase : “Un jour, dans une famille, est né un enfant inadapté.” Débute alors une invitation à la douceur et à la contemplation d’un récit où, à sa lecture, le temps semble s’arrêter. En effet, nous sommes de suite transportés dans l’intimité de la maisonnée car nous avons l’impression d’être là, assis dans la cour du logis à l’architecture médiévale, le dos appuyé contre un fameux mur en pierre.

À la manière de “l’aîné”, nous nous surprenons à être pris d’une tendre affection pour “l’enfant”. L’enfant, le candide, l’insouciant en apparence et qui pourtant, derrière ses yeux noirs absents, semble connaître tous les secrets de la nature cévenole. Seul point fixe dans l’agitation du monde, comme nous le confient les surprenantes narratrices de ce roman, l’enfant inadapté ne l’est pas autant qu’il y paraît, car l’histoire tout entière est liée à lui.

Aussi, il n’y a pas qu’à travers l’aîné que nous voyons l’enfant. En effet, si lui est profondément ému au contact de sa fragilité, à “la cadette”, cette chétivité inspire très longtemps le dégoût. La sensation de perdre l’amour de son grand frère, la vue de ses parents éreintés, le poids du regard des autres… Tout cela lui fait comprendre que la vie, irrévocablement, ne sera plus la même.

C’est justement à travers “le dernier”, que nous pouvons voir à quel point les protagonistes sont durablement impactés. Inscrite dans le temps, l’essence de l’enfant n’est jamais bien loin…

Si calme, si paisible, son existence met donc les autres personnages en confrontation avec leurs véritables reflets. D’ailleurs, si l’enfant touche autant les lecteurs, c’est parce qu’en croisant son regard silencieux durant la lecture, nous entamons, telle la famille, un examen de notre être. La seule naissance d’un enfant entraîne la renaissance de toute une famille. Un seul souffle faible crée une tempête.

De tout cela, la montagne s’impose en spectatrice impassible et ancestrale. Finalement, l’une des plus importantes leçons de ce livre est peut-être la suivante : “L’amour, c’est se noyer dans les yeux de l’autre, même si ces yeux sont aveugles.”

L’ouvrage de Clara Dupont-Monod nous enseigne que s’adapter, ce n’est rien d’autre que recevoir à cœur ouvert tout l’amour nous entourant.